> Mémoire
de Maîtrise : extraits
« Vers un patrimoine sonore
industriel »
L’objet de cette étude est le bruit industriel.
Le bruit des machines, le bruit brut. Les limites sont celles du
XXe siècle occidental. Nous partirons de l’idée
qu’il est impensable que la formidable variété et
la radicale nouveauté des sons engendrés par l’activité industrielle,
plus encore que l’élévation sans précédent
du niveau sonore dans la société occidentale, soient
sans incidence sur les musiciens et sur la musique même.
Nous essaierons d’évaluer ce choc bruit/musique à travers
quelques musiciens : Russolo, Varèse, Honegger et Schaeffer
principalement. Nous observerons à la fois ce qu’ils
disent du bruit industriel, et ce qu’il en font dans le domaine
qui est le leur : la composition musicale. Nous constaterons une
dichotomie radicale entre l’intérêt que le bruit
brut suscite et sa résistance comme matériau à usage
musical.
Nous essaierons alors d’analyser les pourquoi de cette résistance.
Nous nous demanderons si le bruit industriel a un avenir, et lequel.
Nous plaiderons alors pour la constitution urgente de ce que nous
nommerons le patrimoine sonore industriel.
Pour nous aider dans cette étude, deux thèmes récurrents
et liés la traverseront à tous moments : le thème
du temps et de la mémoire collective, et celui de l’enregistrement,
notamment dans les déformations de la perception qu’il
opère : désacralisation de la musique (qui était
déjà annoncée par Satie), et possibilité de
réentendre notre monde dans ce qu’il a de plus involontaire
et incongru : son bruit, qui nous renvoie à un réel,
au vrai, et peut-être même à un éclat
de la vérité.